À PERDRE LA RAISON
« À perdre la raison voulait inciter le spectateur à réfléchir "sur ce qu'on qualifie trop souvent d'inexplicable". Centré sur la descente aux enfers de Murielle, qui devient peu à peu le souffre-douleur et l'esclave de la maison, le film prend le parti de son héroïne sans occulter ses faiblesses. Il nous immerge dans une cellule familiale à la dérive, lentement empoisonnée par une confusion et une promiscuité entretenues par le docteur Pinget - figure particulièrement réussie du bienfaiteur toxique -, avec la complicité passive d'un jeune couple inexpérimenté. Corps enchevêtrés, plans serrés et entachés d'ombre, couleurs à l'unisson tirant vers le chair et le gris : grâce à une mise en scène sobre et stylisée, ce film, au bord du thriller psychologique, émeut et oppresse du début à la fin. Solaire puis hagarde, Émilie Dequenne impressionne par les multiples nuances de son jeu, face aux excellents Tahar Rahim et Niels Arestrup. »